I have a new op-ed on the situation in Abyei, published by La Croix. You can read it here, or just below.
« Abyei, petit territoire au milieu du Soudan, est la terre des Dinka Ngok, une tribu agropastorale qui fait partie du peuple Dinka, principale ethnie du Sud-Soudan. Chaque année, pendant la saison sèche, les Misseriyas, des migrants saisonniers, s’installent dans la province pour faire paître leur bétail.
Abyei devait organiser un référendum sur son avenir, dans le cadre de l’Accord de paix global qui a mis fin à la guerre civile au Soudan en 2005. Mais les Misseriyas, une communauté importante pour le gouvernement du Nord, redoutent de se voir interdire l’accès à la zone dans le cas, très probable, où les Dinka Ngok se prononceraient en faveur du rattachement au Sud.
Au cours des six dernières années, le Parti du congrès national (NCP), le régime au pouvoir à Khartoum, a d’ailleurs fermement bloqué la mise en œuvre des accords de paix, sans que la communauté internationale réagisse fermement. Après l’annulation du référendum à Abyei, en janvier, la tension n’a cessé de monter entre le Nord et le Sud.
Pendant les quatre premiers mois de cette année, les milices misseriyas soutenues par les troupes du NCP ont attaqué des civils et incendié des villages, reprenant la politique de la terre brûlée en usage pendant la guerre civile. Puis Abyei a été occupée à la fin du mois de mai, provoquant le déplacement de 60 000 personnes vers le Sud.
Aujourd’hui, Khartoum veut utiliser Abyei comme levier de négociation. L’armée soudanaise ne quittera pas le territoire sans un règlement politique et refusera tout compromis signifiant un rattachement avec le Sud. De son côté, le Sud-Soudan, préoccupé par l’indépendance du 9 juillet, ne peut pas se lancer dans une nouvelle guerre avec le Nord, alors que la communauté internationale a démontré son impuissance.
L’occupation d’Abyei, pourtant qualifiée dans un rapport confidentiel des Nations unies de campagne de nettoyage ethnique, va probablement être formalisée. »